Je vous écris d'un train, et je suis frappée d'entendre la chef de bord nous expliquer le trajet, et nous demander d'avoir du respect les uns pour les autres. "Svp respectez vos voisins, passez vos coups de fil sur le plateforme." "svp, par respect, utilisez des écouteurs, ne parlez pas trop fort... etc" Comme s'il était important de rappeler ce qui est la base du fonctionnement d'un groupe.
Justement, ces derniers temps, j'observais tant sur les plans perso, pro que collectifs, des moments de flottement. Comme si la société évoluait vers un "moi d'abord" décomplexé. C'est sans doute lié aux réseaux sociaux qui nourrissent le besoin d'un retour sur investissement immédiat. On prend des décisions en fonction de son propre confort, en oubliant les conséquences pour son entourage. (Je m'inclus dedans). Les études montrent que le Covid a créé un fort repli sur soi, dont on ne s'est pas totalement défait. Bref, quelle que soit l'explication, et que je sois concernée ou pas, je pense à des micro événements comme le cycliste qu'on risque de percuter en voiture parce qu'il n'a pas envie de s'arrêter au feu rouge, je pense aux gens qui annulent sans prévenir, je pense aux coups en douce dans le boulot, et je ne peux pas ne pas penser aussi aux élections.
Je me suis demandée ce que le yoga pensait de ça.
Il y a quelques semaines, le thème de mes cours était le non jugement. Cette notion est liée au premier des yamas. Les yamas sont la première étape lorsqu´on envisage un chemin yogique. Il s'agit des principes de base de fonctionnement avec les autres. Et Ahimsa est donc le premier. Ahimsa, c'est la non violence (envers les autres, envers les animaux - d'où le végétarisme des yogis, envers soi meme), le non jugement, la non nuisance. Ce n'est pas le plus facile. Mais on peut poser une intention, comme un éclairage sur cet aspect de temps en temps. Certains jours, je me dis "aujourd'hui, je fais en sorte que ma parole soit juste le plus possible, je me mets dans les chaussures de l'autre 2 minutes avant de décider..." Encore une fois, ce n'est pas facile, je ne prétends pas toujours y arriver. Mais j'essaie. et ça me procure comme un apaisement.
Mais le meilleur moyen de sentir ça, c'est sans doute un cours collectif de yoga. On ne se connaît pas, on n'a pas les mêmes histoires, les mêmes raisons de venir sur le tapis. Mais le temps d'un cours, on partage les mêmes valeurs, les mêmes mouvements, les mêmes sensations. De cette union (yuj en sanskrit => yoga) vient le respect, de ce respect, vient l'union.
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